Ce billet vous parvient avec un important décalage horaire.
Avant-hier (11 octobre 2012) je suis parti à la recherche du Timelab de Gand (ou Ghent) en Belgique. Mais d’abord un peu sur la ville. Gand est une ville universitaire située à une quarantaine de minutes de la frontière française. Gand était déjà, au 13e siècle, une ville très importante, autant culturellement, économiquement que politiquement. Les marques de sa longue histoire sont visibles partout. Au coeur de la vieille ville siège un château médiéval imposant qui surplombe des boutiques de designers, bazars d’antiquaires et fla-fla habituels pour les touristes.
J’avais entendu parler du Timelab de Gand parce que son nom faisait souvent surface dans les fab-nouvelles en provenance du vieux continent. J’avais l’impression qu’on y opérait un mélange de technologie et d’art assez particulier. C’était aussi la chance de voir un lab qui opérait selon un modèle différent de ceux que j’ai connus jusqu’à maintenant. J’ai donc traversé la ville du nord au sud à la recherche du lab. J’avais fixé rendez-vous à Evi qui coordonne les activités de liaison. Situé dans un quartier qui combine l’industriel et le résidentiel avec harmonie, le lab loge à l’adresse d’une galerie d’art. À mon arrivée, j’ai bien cru que je m’étais fait poser un lapin. La porte était ouverte, mais tous les bureaux vacants. Ayant eu à vivre avec les heures d’ouverture étranges de la France, je me suis dit que c’était simplement l’heure du diner et j’ai poireauté pendant une bonne demi-heure avant de me rendre compte que l’atelier était situé à l’étage d’un bâtiment annexe. Immédiatement entré, j’ai été frappé par la grandeur du lieu. Un immense loft de trois mètres par vingt-cinq. Une cuisine commune, un bar, trois longues tables centrales et des postes de travail sur le long des murs, séparés par des étagères remplies de matériaux bruts et de rebus électromécaniques en tout genre. Une panoplie d’imprimantes 3D dont une Ultimaker neuve. Une découpeuse laser grand format et deux découpes à vinyle. Justement, la semaine suivante était organisé un bootcamp où dix personnes pourront fabriquer et calibrer leur Ultimaker en présence d’experts en impression 3D.
Ayant probablement l’air un peu perdu, Kurt me fit faire un petit tour du lab tout en répondant aux questions des usagers qui ce jour-là planchaient sur leurs projets. Deux personnes terminaient le design d’une horloge solaire intérieure contrôlé par Arduino. Ce projet avait été initialisé lors d’un ArduinoJam organisé par le Timelab. Quant à lui, l’artiste flamand Wouter Huis avait entrepris un long (et probablement coûteux, selon ses dires) projets sur la découpeuse laser où il fabriquait un disque 33 tours sur un plastique rigide et noir, une fine planche de PVC. La musique serait directement gravée dans les sillons du disque sur la découpeuse Epilog du lab.
Financé par l’entremise d’un programme du Ministère des Arts et de la Culture de la Belgique, le lab peut se permettre la mise à disposition d’équipement de qualité lors des deux journées ouvertes aux non-membres. En effet, le membership (100€/an) permet aux membres d’utiliser les locaux et le matériel à l’extérieur de ces journées portes ouvertes. Le temps-machine est facturé à l’heure (ou à la minute dans le cas de la découpeuse laser) à un prix raisonnable. En plus de ces journées ouvertes, le lab organise périodiquement des activités où ils invitent le public à participer à la création de machines ou d’objets. Malgré tout, la clientèle principale du lab est composée d’artistes, de designers et d’étudiants qui y viennent pour réaliser des prototypes d’objets ou obtenir l’aide technique pour leurs projets personnels.
J’ai longuement parlé avec Kurt du futur du Timelab. Un peu comme échoFab, son emplacement est destiné à changer et cela soulève certaines inquiétudes. De plus, Timelab travaille présentement avec le Ministère de l’Éducation à un programme jeunesse qui vise à intéresser les étudiants du lycée aux professions techniques et créatives. Sur cet aspect, je crois que nous pourrions collaborer afin de mettre en place un programme d’échange commun, autant au niveau des participants que des pratiques. La visite de Timelab était très inspirante. L’ambiance qui y règne est semblable à celle d’échoFab et leur vision d’un Fab Lab qui va à la rencontre des citoyens correspond à des valeurs que nous partageons.
Le lendemain j’étais assis dans le train Cologne-Berlin Ostbahnhof (Allemagne) et déjà l’atmosphère est très différente. L’Allemagne, toutes les apparences d’une société très industrielle où l’acier et le béton sont omniprésents, mais j’ai rarement vu autant de vert et de panneaux solaires. Quel Contraste!
Stationnement à vélo, Gare de Ghent